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Le blog du daron

24 août 2020

Les émotions

J'ai grandi en recevant une éducation qui m'a appris à gérer mes émotions. Enfin, les gérer, pas vraiment. Les étouffer, en fait. Ne rien dire, pour ne pas déranger, pour ne pas faire de vague, pour ne pas faire de mal aux autres... Du coup assez vite je suis devenu quelqu'un de relativement discret et silencieux, à mesure que j'ai développé ma capacité à encaisser ce que je recevais sans le faire paraître.
Bien sûr, cela n'est pas une bonne chose. Mais dans une certaine mesure, professionnellement en tout cas, cela me rend bien service. Au contact des enfants, de leurs parents, des collègues, de l'Institution, les occasions d'être peiné, en colère, attristé...sont nombreuses, et je sais mettre à distance les réactions premières pour les analyser avec recul et choisir les réactions les plus adéquates.
Certes.

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En devenant père, je me suis aperçu que j'avais de plus en plus de mal à fonctionner comme ça. Pour plusieurs raisons: la fatigue, en premier lieu; la découverte d'expériences inconnues, évidemment... et puis ce je ne sais quoi qui arrive à fissurer la façade.
Ca me rappelle ce qu'une psy m'avait dit à l'époque: "un enfant ça travaille, ça travaille bien plus que toutes les classes que tu auras dans toute ta carrière !" C'est exactement ça en fait, en bien et en mal: je suis devenu bien plus transparent avec ce que je ressentais, m'apercevant à quel point j'avais appris à masquer ce que je pensais (et à quel point, encore, je continue à masquer ce que je pense, toujours par peur de déranger...) et les dégâts que ça avait commis. Je n'ai pas envie que mes enfants aient un père avec une patine. D'autant que cela, les enfants en sont incapables. Au quotidien je les vois en prise avec ce qu'ils ressentent, avec cette merveilleuse capacité de l'exprimer instantanément. J'admire cela chez eux, ils ont tant de chose à m'apprendre.
Etre père, c'est aussi ça. C'est savoir dire les choses simplement, avec transparence: dire ce que l'on ressent, et ressentir ce que l'on dit. Et Dieu sait à quel point c'est difficile. Pour moi.

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23 août 2020

Présentation

Eumine Choi, "umbrella dad", New-York, 2015


Une expérience menée je ne sais plus quand consistait à demander à des inconnus: "Qui êtes-vous ?" , puis d'observer la manière dont ils se définissaient, partant du principe que la première réponse, dite à brûle-pourpoint, serait la plus honnête.
Cela m'a marqué, et quelque part, ce test, fût-il faux, est un peu à l'origine de ce blog. Car si je devais me définir désormais, et depuis quelques années déjà, ce n'est plus grâce: 
-mon prénom
- ma situation amoureuse
- mon métier
- mes caractéristiques physiques
- mes loisirs
- mes qualités ou défauts
...


Mais par le fait que je suis un père. "Je suis le père de Simon, 6 ans et demi; et de Lalie, 21 mois". 
Ca c'est la réponse qui me viendrait le plus spontanément. C'est devenu le centre de ma vie, autour duquel j'ai appris à faire tourner tout le reste: le boulot, le couple, les loisirs, le sport, les autres priorités...
Je n'en tire ni fierté ni honte, mais c'est ainsi. Avant d'être Julien, je suis un daron. Pas LE daron, mais un daron parmi des miliards d'autres, avec un curseur certainement moyen.
Plus de six ans après, je m'aperçois encore de tout ce que ça provoque chez moi en termes d'émotions, de sentiments, de pensées, de réactions, de changements physiques... 
Et ce matin, en vidant le lave-vaisselle, j'ai décidé d'ouvrir ce petit blog pour témoigner de tout ça. Pour y déposer ces pensées au fil de l'eau. Il s'agit moins d'un journal sur mes enfants, qui n'intéresse finalement personne ou si peu, qu'un journal sur la condition de père en 2020. 
C'est quoi, être un père ?

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